photo du Le sentier de Samatha

Le sentier de Samatha

Ce dessin d’origine tibétaine est une représentation du voyage intérieur à travers le Chemin de la méditation vers Samatha. Le terme « Samatha » (en sanskrit) désigne dans le bouddhisme la « tranquillité de l’esprit », la « quiétude », « le fait de demeurer en paix ». En tibétain Samatha ce dit “chiné”.

Ainsi dans la paix (chi), l’esprit demeure (né)

Il est dans la plupart des branches du bouddhisme l’étape essentielle avant de pratiquer la “vue profonde”, Vipassana en sanskrit et Lhaktong en tibétain. Il est parfaitement possible de pratiquer Vipassana, Lhaktong dès le début comme première pratique médidative. Vipassana et Samadhi se réfère avant toute chose à une qualité de l’esprit.

Ainsi supérieure (lhak) est la capacité à voir (tong)

Apprendre la méditation peut s’apparenter à apprendre à jouer d’un instrument de musique : c’est apprendre à « accorder » et à « jouer » l’esprit. Une pratique régulière et de la patiente sont nécessaire. La pratique de la méditation est aussi comme du jardinage : on ne peut pas forcer les plantes à pousser, mais on peut leur fournir les bonnes conditions pour qu’elles se développent naturellement.

L’utilisation imagée ici du domptage d’un animale me fait aussi pensé à une traduction possible du mot “Yoga”. Qui serait, chevaucher son esprit.

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Dans cette peinture le moine représente le méditant, l'observateur. L'éléphant représente l'esprit que l'on cherche à apprivoiser. Le singe représente le mentale (on y reviendra). Le méditant manie les deux outils dont il dispose pour développer samatha : l’attention et le rappel. La hachette incisive, le harpon, représente l’acuité de l’attention vigilante, et la corde à crochet est le souvenir de la pratique, le rappel. Comme de nombreuses distractions interrompent l’état d’attention vigilante, le méditant doit y revenir par des rappels constamment répétés. La vigilance, est l’acuité de base de la méditation et le rappel, l’élément qui en assure la continuité.

Les objets des 5 sens

On peut observer divers objets répartis sur le bord du sentier : écharpe, fruits, conque, symboles, miroir, parfums. Ils représentent les 5 sens, ceux qui altèrent la concentration. Ils symbolisent les distractions de l’esprit.

Samatha détails
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Il y a des feux qui bordent le sentier. Ils symbolisent la force de l’effort à fournir, la qualité de la vigilance, plus le méditant avance dans sa quête, plus l’énergie nécessaire sera faible.
elephant sauvage
La couleur sombre de l'éléphant symbolise l'opacité mentale, la torpeur de l'esprit. Il est sauvage et fait ce qu'il veut. Nous n'avons que peu, voire aucun contrôle dessus.
elephant sauvage
On observe dans le dessin un singe qui au début dirige l'éléphant. Le singe représente l'agitation, les distractions évidentes mais aussi les émotions et l’ego.
lapin
Un lapin apparait sur le dos de l'éléphant, il représente les obstacles les plus subtils à la concentration. La torpeur subtile, un engourdissement, on pense demeurer au calme alors qu'un flot de pensées continu défile a la barbe de notre nez.

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Il est décrit ci-dessous les 9 étapes du sentier

  1. Placement de l’esprit
  2. Placement continue de l’esprit
  3. Placement répété de l’espri
  4. Placement soutenu de l’esprit
  5. Domptage et discipline
  6. Pacification de l’esprit
  7. Pacification complète de l’esprit
  8. Concentration de l’esprit en un point
  9. Pacification spontanée de l’esprit

1 - Placement de l’esprit, poser l’esprit sur un objet

Le moine, le méditant, vous, moi ou autre décidez qu’il est temps de se mettre à la pratique. La méditation n’est pas un acte de reflexion intelectuel. Donc on met de côté nos croyances, opinions, attentes. On va essayer d’aller par-delà de nos constructions mentales. Ceci est symbolisé dans le dessin par le moine qu va de l’autre côté de la rive en traversant le pont.
Le méditant essaye de se concentrer mais rapidement mille pensées l’emportes et ce n’est que longtemps plus tard qu’il se rend compte qu’il a complétement perdu l’objet de sa méditation. A ce stade l’effort à fournir est grand. Dans le dessin on voit que la distance entre le méditant est l’éléphant et le singe est grande. Ils courent loin devant et sont de couleurs foncées symbolisant l’états d’agitation et de torpeur.

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2 - Placement continue de l’esprit, poser plus longtemps l’esprit sur un objet

Dans cette étape, le méditant voit sa capacité de concentration augmenter. On peut constater que le singe et l’éléphant ralentissent, mais le moine est toujours loin d’eux. Sur leurs crânes on voit maintenant des couleurs plus clairs apparaîtres, les animaux sont plus lucides. Cependant le flots de pensées demeurent forts. La corde (Rappel) et le crochet (vigilance) ne peuvent encore être utilisés. A ce stade une méditation quotidienne de 10 à 20 minutes sont envisageable sans créer trop de désagrément qui risque au finale de décourager l’apprentis méditant. Le simple fait ici de percevoir que l’on est innondé d’un flot de pensées et pris par elles comme un tourbillon lors d’une tempête emporte un objet est très positif et c’est le signe que l’on progresse.

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3 - Placement répété de l’esprit, revenir continuellement sur l’objet

Dans la troisième étape, le moine semble plus habile, il ramène sont attention, la corde est placée au cou de l’éléphant qui regarde maintenant vers l’arrière. Le méditant, relié, ne court plus. Le singe, plus serein, est encore devant l’esprit, il est encore aux commandes.
La corde ici représente le pouvoir de la mémoire des instructions reçues ainsi que le rappel qui permet au méditant de revenir à son objet de méditation.
Le lapin apparaît sur le dos de l’éléphant. C’est la symbolique que le méditant va maintenant toucher des aspects plus subtiles de la distraction et de la torpeur.

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4. Placement soutenu de l’esprit, s’éloigner moins loin et moins longtemps

Le lasso a rétréci, le temps avant de se rendre compte de la perte de concentration sont plus court. Les animaux deviennt plus clairs. Le lapin lui, nous montre le risque de rentrer dans une torpeur subtile dur à identifier. Dans la « torpeur subtile », on peut avoir l’impression d’avoir moins de pensées. Or, ce n’est pas forcément parce qu’on a fait des progrès, mais parce qu’on a endormi son esprit, le pensées sont plus ténues, un flot lointain. Certaines personnes arrivent ainsi à s’isoler du monde dans la « torpeur subtile », alors que ce n’est pas du tout le but recherché d’un esprit clair. Alors, il n’y a plus de présence ici et maintenant, et donc plus de transformation possible.

On observe aussi que les animaux regarde en direction du méditant. C’est un symbole de la métacognition. C’est-à-dire de l’observation de sa propre réflexion : on se regarde fonctionner.

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5. Domptage et discipline, anticiper les départs

Un grand changement est apparu, le médtiant mène la marche, il guide l’éléphant et le dirige avec son crochet. La corde est quand même utilisée. Le singe, lui, émotions et ego, est dérière.

Quand le lasso se raccourcit, le méditant va mieux sentir les mouvements de l’éléphant. C’est un résultat auquel on parvient sans s’en rendre compte, on ne peut pas le programmer de manière intentionnelle. C’est une conséquence de son travail.

Celui qui médite va alors voir naître ses pensées. Et en ne réagissant plus, celles-ci vont retomber comme une vague dans la mer. Quand on parvient à ce point, c’est le signe qu’il faut changer d’outil. Avec la hachette, on peut trancher les idées à la racine, dès qu’elles naissent et avant même qu’elles se déploient dans son esprit. Ce sont les prémisses de l’utilisation de la vigilance. Mais avant de développer la vigilance ont développe l’attention.

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6. Pacification de l’esprit

C’est l’étape de la pacification de l’esprit, le méditant devient habile. Il dirige sa méditation, il n’utilise plus du tout le crochet symbole de la vigilance. La corde est toujours nouée à l’éléphant, signifiant une attention toujours présente. On peut se rendre compte que le lièvre n’apparaît plus ici, il a quitté la scène.

A partir de là il n’y a plus de flammes le long du sentier (une plus haut dans les airs mais on y reviendra). Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’effort à fournir mais celui-ci ne nous “coûte” pas.

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7. Pacification complète de l’esprit

Ici l’éléphant prend son chemin seul, sans lien, le méditant lui, est serein. On atteind alors une vraie quiétude. On remarque que le singe est toujours là mais il est tranquil, simplement là sans attente particulière. La personne qui médite sait alors pourquoi elle travaille, et la pacification gagne sa vie de tous les jours. C’est la pacification de l’esprit.

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8. Concentration de l’esprit en un point

L’éléphant maintenant complétement blanc évolue docilement. Le singe ne figure plus dans la représentation de cette étape du sentier. Des pensées peuvent encore surgir mais aucune de ces pensées ne va créer d’émotions perturbantes. L’équanimité est devenue parfaite.

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9. Pacification spontanée de l’esprit, reposer dans l’équanimité

Le méditant peut désormais maintenir son attention sans effort ni interruption. Le méditant et l’éléphant sont complice, en paix et au repos. A ce stade l’esprit est clair et lumineux. Clair, parce qu’il est incroyablement affuté. Il n’y a aucun délire, une clarté totale en terme d’intelligence. Lumineux, parce qu’il est libéré des conditionnements, défait de ses attaches. Parvenu à ce stade, on a la certitude de l’expérience.

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Les 6 forces

Les 6 virages du chemin déli­mitent 6 paliers de progression, dominés successivement par 6 forces de la pratique qui sont 

  1. L’écoute de l’enseignement
  2. La réflexion (leur assimilation)
  3. Le rappel (leur souvenir)
  4. La vigilance
  5. L’énergie (la persévérance, l’enthousiasme)
  6. La parfaite familiarisation (l’habitude, l’accoutumance).
Samatha détails
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A gauche de l'image trône un arbre qui donne des fruits recuillis par le singe. Ceci symbolise la profonde transformation du méditant sur le sentier.

Le Samatha n’est qu’une étape, un prérequis à la Vision Profonde

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Arrivé au 9ème point, la paix de l’esprit, le voyage se poursuit. Une grande flamme s’y trouve, il y a encore de l’effort à fournir avant l’éveil. Le méditant assis sur sont esprit tiens dans sa main une épée flamboyante (symbole de connaissance), il tranche 2 faisceaux qui émanent de son corps, symbole des conditionnements, des passions et de la dualité. Ce passage symbolise aussi la pratique de Lhaktong, Vipassana, la vision profonde.

En haut du dessin on y voit le méditant qui vole symbolisant la félicité. Toute cette pratique méditative a dénouée profondément les tensions de l’esprit, du corp. A ce moment les énérgies vitales circulent parfaitement. Ce n’est qu’a partir de cet état qu’il est possible de méditer durant de très longues périodes sans ressentir de douleurs et fatigue. Il y a unification entre le corps et l’esprit.

Il y a encore un croissant de lune avec trois étoiles, un soleil, et une maison.

La maison est le piège de la facilité du retour à une vie mondaine sans faire le dernier grand effort d’aller jusqu’a l’éveil. Après avoir conquis la paix de l’esprit il sera plus facile d’avoir une vie mondaine riche et aisée. C’est l’appel des passions.

La lune symbole de la bodhitchitta, “esprit d’illumination”. En sanskrit : “Bodhi” signifie “illumination” et “Chita” signifie “esprit”. Ici en croissant de lune elle signifie l’esprit d’éveil.

Le soleil représente souvent la sagesse dissipant les ténèbres de l’ignorance mais ici il est relié par un faisceau au méditant que celui-ci tranche sur le chemin de l’éveil. Donc je ne connaît pas sa symbolique dans ce contexte.

Manjushri

En-haut à droite il y a Manjushri dont le nom signifie “Douce et Glorieuse Mélodie”, sous la forme d’un bodhisattva, il personifie la connaissance (prajna) de tous les bouddha. Cette connaissance est de 2 types : ordinaire et transcendante. La connaissance ordinaire est celle que nous utilisons dans les sciences, les arts, elle ne dépasse pas le cadre de ce monde. Quand à la connaissance transcendante (prajnaparamita), elle a pour objet la découverte de la véritable nature de l’individu et des phénomènes, autrement dit la vacuité. C’est la connaissance qui libère du samsara.

Manjushri est caractérisé par deux attributs: l’épée et le texte sacré posé sur un Lotus.
L’épée est l’arme de la connaissance qui coupe les voiles de l’ignorance, mettant ainsi la véritable nature des choses en évidence, les relations d’interdépendance qui régissent toute la manifestation. La symbolique détaillée de l’épée est la suivante:

  • Les 2 tranchants : la connaissance indissociée de la vérité absolue et de la vérité relative
  • La pointe : son acuité permet de comprendre l’absence de réalité propre de tous phénomènes
  • La flamme : la lumière de la connaissance qui dissipe l’obscurité de l’ignorance
  • La couleur bleue de la lame : couleur de l’espace et de la vacuité

Quand au texte, il contient les enseignements de la prajnaparamita, dans lequels le Bouddha démontre le “non-moi”, l’absence de réalité en soi de l’individu et des phénomènes.

Manjushri
Vajrasattva

Vajrasattva

En-haut à gauche il y a Vajrasattva, sa place dans le monde des bouddha tibétain est difficile à définir. Certaines écoles l’identifie en tant que bouddha primordial d’autre comme une forme de Vajradhara. Il serait le souverain de Cinq Vainqueurs.
Il représente entre autre le travail d’opérer l’élimination des voiles qui recouvrent l’esprit: ignorance, perturbations internes, imprégnations karmiques.
Le Vajra dans sa main droite au niveau du coeur représente les moyen habiles, expression de sa compassion lui permettant de guider les êtres.
La cloche dans sa main gauche posée sur l’aine, symbolise la connaissance de la vacuité.

Cette article fait partie de la série Bouddhisme les fondamentaux

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